Le Parlement européen a adopté à une très forte majorité jeudi en plénière un rapport d’initiative demandant des mesures d’urgence pour relancer l’élevage de moutons et de chèvres dans l’UE. Les députés proposent de nouveaux types de soutiens aux producteurs, dont une prime par tête pour maintenir les ovins dans les régions écologiquement sensibles, des aides de l’UE pour la mise en place du système d’identification électronique et un logo européen pour relancer la consommation.
Peu rentable pour les agriculteurs européens du fait d’une baisse généralisée de la consommation, de coûts de production élevés par rapport à la concurrence de gros pays exportateurs comme l’Australie et la Nouvelle-Zélande et d’une grande vulnérabilité aux épizooties comme la maladie de la langue bleue, le secteur ovin et caprin a vu son déclin structurel s’accélérer depuis la réforme de la PAC de 2003. Pourtant, cet élevage en pâturage joue un rôle environnemental essentiel: entretien naturel des zones les moins fertiles, préservation de la biodiversité et d’écosystèmes sensibles, lutte contre l’érosion, les inondations, les avalanches et les incendies, etc. Par ailleurs, il est traditionnellement pratiqué dans les régions les moins favorisées, où les activités alternatives sont rares. Selon une étude d’Ernst&Young réalisée pour le compte du PE, l’absence d’action aboutira à une baisse de 8 à 10 % de la production ovine et caprine d’ici à 2015.
Le rapport d’initiative de Liam Aylward (UEN, IE), adopté en plénière par 492 voix pour, 30 contre et 9 abstentions souligne la « nécessité urgente d’agir » pour « garantir un avenir fructueux et durable aux productions ovine et caprine en Europe », « maintenir et attirer de jeunes agriculteurs dans ce secteur » et « relancer la consommation » des produits de cette filière.
Un soutien financier supplémentaire urgent
Les députés appellent la Commission et le Conseil des ministres de l’agriculture à « allouer de toute urgence un soutien financier supplémentaire aux producteurs européens » afin qu’ils puissent développer une production dynamique, auto-suffisante, guidée par le marché et orientée vers le consommateur » et à réviser le financement de ce secteur dans le cadre du bilan de santé de la PAC. Ils proposent notamment que les Etats membres soient autorisés à :
-introduire une prime environnementale par tête pour maintenir les effectifs d’ovin (prime qui serait financée grâce à des crédits communautaires ou cofinancée par l’UE et les gouvernements nationaux) ;
-réallouer à ce secteur des crédits non-utilisés dans le cadre des 2 piliers (soutien aux producteurs et développement rural) de la PAC ;
-allouer, suite à la révision de l’actuel « article 69 », jusqu’à 12% de leurs paiements nationaux à des mesures de soutien des filières en difficulté et de maintien de l’activité agricole dans les zones défavorisées ;
-inclure dans leurs programmes de développement rural, au titre des nouveaux défis posés à la PAC, des mesures pour les producteurs d’ovins et de caprins, auxquelles il sera possible d’ajouter les fonds résultant de la modulation.
Les parlementaires invitent aussi la Commission à apporter des aides supplémentaires pour les éleveurs d’ovins et caprins traditionnels et régionaux rares des zones montagneuses afin de maintenir la diversité biologique, et à faire un effort de simplification en autorisant l’annonce, 14 jours à l’avance, des inspections de conditionnalité dans les élevages.
Par ailleurs, ils demandent la possibilité d’un financement communautaire pour la mise en place du système d’identification électronique des ovins prévu pour fin 2009, en raison des coûts élevés et des difficultés de sa mise en œuvre.
Actions de relance de la consommation et protection contre la concurrence internationale
La consommation de viande ovine a chuté ces dernières années dans l’UE en raison notamment de la baisse de la production, de prix élevés, et de changements d’habitudes alimentaires notamment chez les jeunes. Parallèlement, les importations restent très importantes (elles représentent plus de 20% de la consommation d’agneau de l’UE), notamment en période de fêtes religieuses.
Les députés proposent diverses mesures de relance de la consommation et de protection face à la concurrence de gros pays exportateurs comme l’Australie et la Nouvelle-Zélande, et notamment :
-obtenir que les produits de viande ovine soient reconnus en tant que produit sensible par OMC;
-réviser la gestion des régimes de gestion de quotas à l’importation et réexaminer la possibilité d’un échelonnement des quotas au cours de l’année civile afin de garantir que l’agneau communautaire ne soit pas soumis à une concurrence déloyale;
-créer un logo européen pour différencier la viande ovine européenne des viandes originaires des pays tiers et préciser sur l’étiquette le lieu d’origine des produits;
-augmenter le budget consacré à la promotion des produits agricoles de façon à pouvoir y inclure la viande ovine européenne;
-mettre en place des campagnes de promotion ciblées sur les produits protégés par des IGP et des AOP;
-inclure l’agneau le secteur ovin et caprin dans le 2ème programme d’action communautaire pour la santé afin de promouvoir les bienfaits de cette viande auprès de cette consommateur, notamment chez les jeunes;
-encourager la recherche et le développement pour promouvoir l’innovation industrielle dans le secteur (produits à base d’agneau, fromage, laine et peaux);