ENS: l’Isère veut transformer l’essai

L’Isère est très chatouilleuse sur les espaces naturels sensibles (ENS). C’est un des domaines où notre département fait figure d’expert et de pionnier et Serge Revel, vice-président à l’Environnement qui ouvrait ce matin le « Séminaire stratégique » organisé par le CG38 sur ce sujet (1), s’est fait un plaisir de le rappeler en brossant le bilan des actions entreprises. « Notre politique environnementale est un peu la vitrine du Conseil général de l’Isère », affirme t-il, « notamment parce qu’elle est basée sur la transversalité et sur le partenariat. Et à travers les différentes actions menées pour restaurer la biodiversité partout où elle est menacée, pour favoriser le développement durable, nous agissons pour une meilleure qualité de vie de tous les Isérois ».

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Le marais de Montfort: un ENS parmi les 93 que compte l’Isère

Il s’agissait donc, via 5 ateliers de travail, de préparer dans la discussion et la concertation le nouveau schéma des Espaces naturels sensibles pour les cinq prochaines années, d’échanger sur les enjeux de conservation et de valorisation de ces espaces, de tracer les orientations du futur.

L’Isère, qui accueille une faune et une flore très diversifiée, possède dans ce domaine une bonne longueur d’avance. Depuis 1985, année de l’instauration par le code de l’urbanisme (loi du 18 juillet 1985) de la taxe départementale des ENS (2), prévue pour permettre l’acquisition, la gestion et l’ouverture au public d’espaces naturels remarquables, notre département a fait preuve de volontarisme:

– 3448 ha ont été acquis par le Département et les Collectivités soit 93 ENS (74 sites locaux, 19 départementaux). Près de 90% de ces ENS sont des zones humides

– sur ces 93 ENS, 30 sont ouverts au public. De jeunes guides Nature se chargent, chaque été, de faire découvrir ces sites au public

– s’y ajoutent des espaces protégés comme les 7 réserves naturelles d’Etat (partenariat) et 5 réserves régionales (partenariat)

– 63 ENS sont en cours d’instruction. 20 000 ha sont en attente de préemption

Cette politique dynamique en faveur du patrimoine naturel de l’Isère n’est pas toujours appréciée par la profession agricole, assez chatouilleuse, elle aussi, sur la question. Soumise à la pression foncière, elle verrait d’un bon oeil que l’acquisition de terres agricoles par le Département soit aussi soutenue dans l’Y grenoblois, notamment .

C’est ce que soulignait récemment Christian Sommard, nuciculteur à Tencin (lire notre article), s’inquiétant de voir  les surfaces rétrécir comme peau de chagrin : »Messieurs les élus, nous comptons sur vous pour acheter des terres, disait-il. Nous vous les louerons ». Une demande qui apparaît légitime dans un contexte où la demande de produits frais, échangés du producteur au consommateur, n’a jamais été aussi forte.

Ce hiatus entre culture naturaliste et culture rurale fait partie des faiblesses reconnues . Jean-Louis Michelot (association Ecosphere) qui fit un bilan/évaluation de la politique ENS, estime que c’est un domaine où des progrès restent à faire. Il y en a d’autres: « Les ENS, souligne t-il, ne sont pas de la nature sous cloche. Mais ils ne sont pas encore réellement des projets de territoire ».

Autres points à améliorer: la lisibilité de la politique ENS (43% des communes ignorent son existence), sa transversalité, ses moyens humains.

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(1) Participaient à ce séminaire et aux 5 ateliers, des représentants d’ associations naturalistes (AVENIR, Frapna, Cora, LPO, Ecosphere, Lo Parvi, Gentiana, etc.), de la  fédération des chasseurs, de celle des pêcheurs de l’Isère, de la fédération des alpages de l’Isère, de l’ONF, de la DDAF, de la DIREN, du CREN, de la Chambre d’Agriculture, de l’ADABEL, de la SAFER, des Parcs naturels régionaux (Vercors et Chartreuse), du Parc national des Ecrins, de l’Université. Plusieurs maires et quelques conseillers généraux étaient également présents.

(2) Cette taxe est prélevée sur les permis de construire. Elle représente une recette de 5 M€/an en Isère

Gilbert

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