A la veille de la semaine européenne (21-29 novembre) pour réduire nos déchets, petit retour sur la situation en Isère: en 20 ans, chacun de nous a multiplié par deux ses déchets.
De quoi faire se retourner dans sa tombe M.Eugène-René Poubelle, inventeur du conteneur domestique qui porte son nom, préfet de l’Isère au XIXe siècle. On peut affirmer que son invention a fait des petits. De toutes les couleurs. Société de consommation oblige! L’an dernier, un Isérois sur deux remplissait sa poubelle de 356 kg d’ordures ménagères/an et apportait 216kg de déchets divers à la déchetterie.
Même si le tri est entré dans les habitudes, il reste encore beaucoup de progrès à faire : en effet, seulement 25% de nos ordures ménagères sont recyclées. Ce qui démontre que persiste encore une bonne part d’incompréhension ou d’inconscience de la part des consommateurs que nous sommes.
Le prix à payer: la TEOM s’envole
Le risque, outre les conséquences écologiques, c’est de voir nos taxes augmenter au même rythme qu’augmente le volume de déchets. Ca a déjà commencé. Il suffit de regarder de près son avis d’imposition de taxe foncière. Pour un Grenoblois, par exemple, cet avis indique une TEOM en hausse de +29,03% par rapport à 2008.
Cet habitant serait en droit de se lamenter. Une telle augmentation est difficilement supportable. Mais c’est sans doute de sa faute si la collecte et le traitement des déchets mobilisent de plus en plus de personnes et d’énergie. Et la dissuasion par le porte-monnaie reste une recette efficace. D’ailleurs, une redevance dite poliment « incitative » , basée sur le principe pollueur/payeur, est à l’étude dans plusieurs communes isèroises.
C’est la TEOM qui assure principalement le financement du service des déchets. Pour les propriétaires, elle est donc payée directement aux services fiscaux. Pour les locataires, le montant de cette taxe s’intègre dans le paiement des charges locatives. Les taux de TEOM aujourd’hui appliqués sont encore divers sur le territoire consécutivement aux décisions entérinées par la Métro et propres à chaque commune lors du transfert à la Métro de la compétence collecte des déchets.
Le service est également financé en partie par :
– des recettes liées à la reprise de certains matériaux (papiers, cartons, ferrailles) collectés dans les déchetteries,
– la recette de la collecte du verre,
– les recettes versées par l’organisme Eco-Emballages dans le cadre des règles et des objectifs fixés pour améliorer la valorisation des déchets,
– la production d’énergie liée à l’incinération des déchets. La chaleur produite est utilisée par la SEM Compagnie de Chauffage Intercommunale de l’Agglomération Grenobloise.
Au final, un abondement par le budget général est nécessaire pour équilibrer les dépenses de fonctionnement de collecte et de traitement non couvertes.
Conformément aux obligations réglementaires et aux préconisations du Grenelle de l’environnement, une harmonisation du taux de TEOM sur l’agglomération ainsi que la couverture par la TEOM et des recettes propres aux déchets de l’ensemble des dépenses liées aux déchets, doivent être obtenues d’ici 2014.
Perdre 81kg/an/habitant
Lors du vote du budget 2009, la Métro s’est d’ores et déjà orientée vers :
– une convergence progressive vers un taux unique de TEOM sur l’agglomération
– une hausse progressive du taux moyen de TEOM appliqué sur le territoire, qui devra couvrir à terme (2014) l’ensemble des charges de fonctionnement liées aux déchets et des recettes propres et dédiées. Ainsi, le taux moyen est passé en 2009 à 5,06% contre 4,4% en 2008.
Avec l’objectif de faire baisser de 81kg/an/habitant le poids des ordures ménagères à traiter d’ici 2018, l’Isère, via le Conseil général, s’est engagé l’an dernier (plan déchets ménagers 2008-2018) à réduire la quantité et l’impact des déchets. Trois engagements :
-produire le moins de déchets possible
-recycler le plus possible dans des conditions économiques acceptables
-ne pas construire de nouvelles usines d’incinération
Que faire pour réduire le contenu de sa poubelle?
– consommer l’eau du robinet (plutôt que de l’eau en bouteille). Elle est de 100 à 300 fois moins chère.
– ne plus utiliser de sacs plastique (ils ne sont pas recyclables)
– respecter les consignes de tri à la lettre. Un geste écocitoyen très utile : sachez que 670 canettes=1 VTT, 10 bouteilles d’eau=un pull polaire, 19 000 boîtes de petits pois= une Clio
– ne pas jeter les piles électriques à la poubelle : les apporter dans les lieux (grandes surfaces, entre autres) où elles sont récupérées
– se mettre au compostage : les déchets fermentescibles représentent 30% de nos déchets. Le compostage de quartier devrait se développer. Le plan du CG38 l’encourage.
– dire stop à la pub : la distribution de prospectus dans les boîtes aux lettres représente 42kg/an/ménage.
– donner une seconde vie aux objets : c’est le pari des « recycleries » ou « ressourceries ». Textiles, meubles, équipements électriques peuvent y être apportés. Plusieurs sont en projet, deux sont en place :
Saint-Egrève : 45 rue du Pont Noir le mardi, le mercredi, le vendredi et le samedi de 9h à 11h45 et de 14h à 17h45
Eybens : 33 rue des Grands Champs le mercredi de 8h à 12h et de 13h30 à 18hle jeudi de 13h30 à 18h le samedi de 8h à 12h et de 13h30 à 17h
Pour leur part, les Verts de l’Isère estiment que les déchets sont devenus un enjeu de démocratie locale et que la meilleure méthode c’est l’implication des populations, des habitants, des associations: « Nos solutions imposent la participation active des citoyens. Celle-ci ne peut se mettre en route que si on l’organise autour d’objectifs clairs, concrets et qu’on implique la population dans l’évaluation des choix et des résultats». L’écocitoyenneté commence par le tri de ses déchets.