La concurrence plus vive pour l’utilisation des ressources en eau dans les régions a conduit les décideurs à passer d’une politique de l’offre à une logique d’ajustement des prélèvements aux ressources disponibles. Dans le même temps, la montée des préoccupations vis-à-vis de la qualité de l’eau et des milieux, et l’objectif fixé par la Directive européenne de l’eau de revenir à une « bonne qualité écologique » des cours d’eau en 2015, posent la question d’un contrôle de l’impact des activités humaines, agricoles ou non, sur la qualité des milieux et de l’eau les parcourant.
L’intensification de l’agriculture liée à l’augmentation de la demande internationale de produits alimentaires, le développement de productions agricoles à usages « énergétiques », la forte croissance attendue de la population mondiale et le changement climatique annoncé, en particulier concernant les températures et la pluviosité, renforcent l’acuité de cette question. L’Inra mobilise sa capacité de recherche, d’expertise et d’anticipation, en partenariat avec le monde socio-économique pour y répondre.
Cinq types d’objectifs:
Les travaux menés sur l’eau au sein de l’Institut répondent de ce fait à cinq grands types d’objectifs de recherche finalisée:
– connaître le rôle et le devenir de l’eau dans le système nappe, sol, plante et atmosphère en présence de couverts végétaux naturels et cultivés ;
– optimiser le fonctionnement des écosystèmes agricoles et forestiers quant à leur production et leur pérennité dans les situations de sécheresse ou d’excès d’eau par des méthodes agronomiques et génétiques ;
– étudier l’incidence de la composition et de la dynamique des paysages sur la genèse de la ressource en eau, en quantité comme en qualité.
– maîtriser les impacts des activités rurales et de l’usage des terres sur le milieu tant sur la qualité des ressources en eau superficielles, souterraines, et des milieux aquatiques, que sur la disponibilité en eau dans un contexte de compétition entre usages ;
– contribuer au développement de dispositifs et d’outils de la gestion de la ressource et de suivi de la qualité de l’eau.
L’Inra dispose pour ce faire d’un savoir faire particulier dans la mise en œuvre des études couplant la question de la production à celles des impacts environnementaux. L’Institut possède en effet une communauté de chercheurs ayant une double culture, physicochimique et biologique, indispensable à l’appréhension de phénomènes physiques faisant intervenir des régulations biologiques, à l’étude des cycles de l’eau, du carbone, de l’azote… ainsi qu’à l’élaboration d’une modélisation du fonctionnement des couverts végétaux avec la double vocation agronomique et environnementale. L’Institut est ainsi un spécialiste de la connaissance des sols, de l’usage des terres et de ses conséquences sur les flux d’eau et de matière concernant les milieux cultivés et les forêts qui représentent une partie importante des surfaces continentales.
Un deuxième point fort de l’Inra tient à ses capacités en biologie intégrative pour associer biologie moléculaire, physiologie végétale, analyse des ressources génétiques, phénotypage et modélisation. Cette compétence permet une approche originale de la tolérance des plantes à la sécheresse et à la salure.
L’Institut est ensuite en mesure de traduire de façon explicite des gestes techniques dans des modèles de fonctionnement et, par là, de pouvoir mettre en œuvre une approche d’ingénierie agri-environnementale. L’articulation de travaux dans le domaine biotechnique avec ceux conduits dans le domaine socio-économique permet aujourd’hui de construire des modèles bioéconomiques d’évaluation de la ressource en eau en conditions limitées.
En tant qu’institut de recherches finalisées, l’Inra est enfin à même d’articuler des travaux de recherche sur le fonctionnement biologique des cultures et la gestion de l’eau pour la production avec des instituts techniques, des chambres d’agriculture ou des entreprises, afin d’atteindre les acteurs concernés.