OPG: régulation mondiale des marchés, relance de l’agriculture

Le congrès de l’organisation des producteurs de grains vient de se tenir à Troyes.

Si le cours des céréales a doublé en 6 mois, ce n’est pas une « flambée » des prix mais une correction du marché car les prix d’aujourd’hui ont simplement retrouvé leur niveau de 1987 en euros courants en Europe. Après deux années sans revenu, les producteurs de grains retrouvent certes un niveau de prix indispensable pour une agriculture durable mais restent dans l’angoisse de voir à nouveau les prix s’effondrer d’ici quelques mois, face à l’absence totale de régulation aux niveaux européen et mondial.

Les intervenants, Françoise Girard du CIRAD et Alain Le Boulanger du CER France ont démontré que la libéralisation du commerce international a, contrairement à l’objectif de ses promoteurs, accru la volatilité des prix des grains depuis 20 ans et que les contrats, chers au ministre de l’agriculture Bruno Le Maire, ne permettront en rien de réguler les marchés.
Nicolas Jaquet, président de l’OPG, analysant le déficit global de la production européenne de grains (20 mio t d’exportations de blé et 50 mio t d’importations de soja), annonce un risque d’une pénurie mondiale de soja d’ici quelques années si les assolements évoluent sur le continent américain en fonction de l’attractivité des prix des différentes cultures. Les conséquences au niveau européen seraient catastrophiques. Comme mesure préventive, l’OPG demande un rééquilibrage des cultures au sein de l’UE : moins de blé et plus de protéines végétales (soja, pois, luzerne).

Les producteurs de grains sont stupéfaits de voir que face à l’augmentation du prix du blé de nombreuses voix s’élèvent pour demander encore « plus de libéralisation du commerce » pour lutter contre l’envolée des prix alimentaires. C’est un véritable aveuglement idéologique des artisans d’une forme ultralibérale de décroissance qui ne cesse de détruire les agricultures. C’est tout le contraire que propose l’OPG : au lieu de tirer sur la locomotive de l’agriculture qui redémarre, il faut y raccrocher les wagons des autres secteurs de l’économie.

Pour réguler la production mondiale, il faut en priorité augmenter la production agricole dans les pays déficitaires en mettant en place des politiques de prix élevés et différenciés en fonction des grands ensembles géographiques. Pour lutter contre la spéculation, il suffit de revenir à des prix plus stables ; elle n’aura plus d’intérêt et disparaîtra d’elle-même.

Enfin les producteurs de grains s’opposent à toute forme de charcutage en France des prix des céréales pour permettre d’approvisionner à un prix inférieur au marché les éleveurs ou les usines d’éthanol. Cette déconnexion au sein du marché européen serait digne de Cuba ou de la Corée du Nord ?
Seule une libéralisation définitive du commerce des céréales, hélas très administré en France, permettrait aux éleveurs d’acheter directement aux céréaliers, supprimant les intermédiaires et redonnant ainsi de la compétitivité.

Gilbert

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