Communiqué de la Coordination rurale:
La Commission des Comptes de l’Agriculture de la Nation (CCAN) réunie ce mardi matin confirme la chute du revenu des producteurs agricoles en 2013 en « grandes et moyennes » exploitations : leur résultat courant avant impôts (RCAI) baisse de 8 000€ par rapport à 2012, soit – 22,2%, en s’établissant à 27 900 €. Quant aux petites exploitations que l’UE a souhaité voir disparaître des statistiques officielles sur le revenu, la situation n’est pas plus enviable.
La comparaison de l’évolution française avec les autres pays de l’UE est accablante puisque la France dispute la dernière place à l’Estonie !
Toutes les productions sont touchées par cette baisse, mis à part la viticulture et l’arboriculture, où les revenus, très hétérogènes, ont été globalement tirés par des prix en progression.
Dans le même temps, presque toutes les charges augmentent en 2013 alors que les primes PAC ont baissé de 3,8% par rapport à 2012.
Inquiétude chez les céréaliers
Leur résultat diminue de 56 % par rapport au RCAI moyen de la période 2010-2012. Cela est dû à la baisse des cours des céréales. L’année 2014 s’annonce encore pire, avec des prix médiocres et des soutiens en baisse suite à la réforme de la PAC.
Les éleveurs de poules pondeuses le bec dans l’eau !
Les éleveurs de volailles voient leur résultat baisser de 50 %, par rapport à la moyenne 2010-2012 avec un revenu misérable tombé à 14 300 €. Les producteurs d’œufs sont particulièrement concernés par cet effondrement. Après des années difficiles dues aux mises aux normes, la production est repartie à la hausse depuis 2012, entraînant la baisse du prix de l’œuf. Les producteurs de volailles de chair en production « standard » paient très cher leur statut d’intégré qui les voit transformés en variable d’ajustement pour leurs intégrateurs.
L’urgence d’autoriser le commerce des grains entre céréaliers et éleveurs
Pour les producteurs de lait comme de viandes rouges ou de porc, les prix payés aux producteurs en 2013 augmentent mais ne suffisent pas à compenser les charges trop élevées, notamment l’aliment, malgré un fléchissement à partir de juillet. Les résultats des éleveurs restent structurellement bas, ce qui n’augure rien de bon pour leur avenir et leur renouvellement.
Il est urgent que les députés adoptent enfin l’amendement de la CR à la loi dite « d’avenir » agricole pour permettre aux céréaliers de vendre aux éleveurs du grain directement, sans l’intermédiaire coûteux d’un organisme stockeur, afin de leur rendre de l’oxygène en baissant leurs coûts alimentaires.
Un gâchis économique et social
Ces mauvais résultats ne sont évidemment pas dus à l’incompétence des producteurs français qui sont parmi les meilleurs du monde. Ils ne relèvent pas non plus d’une baisse du rythme de leur travail, eux qui travaillent au contraire souvent au-delà du raisonnable. Par contre cette dégradation continue de leur situation économique à laquelle s’ajoutent de plus en plus d’entraves normatives et réglementaires atteint leur moral, leur dignité et détruit de plus en plus d’emplois précieux. Il est de la responsabilité du gouvernement français de sauver un de ses secteurs les plus stratégiques en engageant immédiatement un combat pour une autre politique agricole commune auprès des instances européennes. »